Deliveroo et Uber Eats : opportunité ou galère pour les petites structures ?

Votre resto cartonne en salle, mais les clients veulent rester en pyjama ?

Pas de panique, Deliveroo et Uber Eats arrivent à la rescousse (ou pas).

Ces plateformes vous promettent plus de visibilité, plus de clients, plus de chiffres.

Et sur le papier, franchement, ça donne envie. Mais entre les commissions salées et les délais qui s’allongent, le rêve peut vite tourner à l’épreuve de nerfs (surtout quand un plat arrive froid et que c’est vous qui prenez la mauvaise note).

Alors, opportunité ou galère ?

Il y a du bon, du moins bon, et beaucoup à surveiller pour ne pas y laisser votre chemise (ni vos marges).

On fait le point ensemble, sans filtre ni langue de bois.

Gagner en visibilité, oui… mais à quel prix ?

Quand on débute (ou qu’on a envie de relancer la machine), se faire connaître reste une priorité. Et là, Deliveroo ou Uber Eats, ça ressemble à une porte ouverte vers un nouveau public. L’appli met en avant votre nom, vos plats, vos horaires… bref, tout pour capter l’œil d’un client qui aurait zappé votre existence autrement.

Sauf que derrière les promesses, il y a des frais. Et pas des moindres. On parle souvent de commissions à deux chiffres, qui peuvent aller jusqu’à 30 % du ticket moyen (oui, vous avez bien lu). Résultat : votre plat signature part au même prix, mais votre marge fond comme un sorbet en terrasse en plein mois d’août (et encore, si tout se passe bien niveau logistique).

Et vous n’êtes pas vraiment maître du jeu. Si l’appli décide de ne plus vous mettre en avant ou si les délais explosent, votre note en prend un coup (alors que vous avez tout fait comme il faut).

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Le piège du volume sans les moyens

Sur le papier, ces plateformes promettent plus de commandes. Et dans les faits, c’est souvent vrai. Sauf que plus de commandes, ça veut aussi dire plus de charge (et plus de stress, évidemment). Il faut suivre le rythme, éviter les erreurs, tenir les délais… sans forcément avoir une équipe plus grande ni plus de moyens.

Beaucoup de petites structures tombent dans le piège : elles veulent honorer toutes les commandes, faire plaisir à tout le monde, et elles s’épuisent. Les horaires s’allongent, la qualité peut baisser (même avec la meilleure volonté du monde), et les commentaires s’en ressentent. Et là, ça fait mal.

Parce que ces applis ne retiennent pas les efforts, elles affichent juste les notes. Un retard ? Un oubli ? La sanction tombe direct, et votre resto peut vite être relégué au fin fond du classement (même si votre cuisine vaut largement le détour).

Alors oui, le volume augmente. Mais attention à ne pas vous retrouver dépassé (ni vous ruiner en sacs kraft, au passage).

Le rapport de force n’est pas vraiment équitable

On ne va pas se mentir : entre une petite cantine de quartier et une plateforme internationale, le rapport de force est déséquilibré. Vous signez un contrat ? Il est souvent à prendre ou à laisser. Vous avez une réclamation ? La réponse peut prendre du temps (ou ne jamais arriver, soyons honnêtes).

Et vous avez beau soigner vos plats, investir dans l’emballage, garder le sourire avec les livreurs… si un client met une mauvaise note pour une livraison en retard (alors que c’est pas vous qui pédaliez), vous trinquez quand même.

Pas facile de se sentir valorisé dans ce système. On vous promet de la visibilité, mais vous êtes noyé au milieu d’enseignes qui ont des équipes marketing dédiées. Et vous n’avez que peu de leviers pour influencer votre position sur l’appli (à part proposer des réductions, encore des réductions, toujours des réductions).

Alors oui, ça peut booster. Mais pas sans une bonne dose de patience (et de stratégie bien ficelée).

Jouer les règles du jeu… ou créer les siennes ?

À force de jongler entre les marges serrées, les imprévus et les notations, certaines petites structures font un choix radical : dire non. Ou du moins, dire « oui, mais à leur façon ».

Elles utilisent Deliveroo ou Uber Eats uniquement pour se faire connaître, puis redirigent leurs clients vers un système de commande en direct (par téléphone, sur leur propre site, ou avec une appli de click & collect maison).

D’autres adaptent leur carte. Elles proposent uniquement les plats qui voyagent bien, qui se préparent vite, et qui rentrent dans des barquettes sans couler (oui, c’est un vrai sujet). L’idée, c’est de limiter la casse et de rester rentable.

Et puis, il y a les irréductibles qui misent tout sur l’expérience en salle, en mode « si vous voulez notre cuisine, il faut venir chez nous ». Risqué, peut-être. Mais assumé.

Conclusion ? Vous pouvez dire oui aux plateformes. Mais pas les yeux fermés. Prenez le temps de faire vos calculs, d’ajuster votre offre, et de rester aux commandes (même quand d’autres livrent pour vous).